Fils de Nylon,
Fils d'Or....
Autrefois
les fils du montreur de marionnettes
étaient bien visibles, clairs et nets.
On pouvait les voir
agir, mouvoir
les bras, les pieds, la tête
des mannequins - personnes ou bêtes -
hausser, baisser,
pencher, dresser
les épaules, le dos, le cul...
Aujourd'hui
on ne les voit plus.
Il n'y a plus de pagaille
de fils de lin ou de paille.
C'est grâce au nylon:
il a fait révolution
sur la petite scène...
tu ne le vois à peine!
Le nylon invisible
sait faire son métier:
dirige dans la cible
la flèche de l'arbalétrier.
Ainsi les choses se passent,
et tu te tracasses
les cellules
incrédules
de ta raison
à trouver
la liaison
- quand truc est fait -
entre cause et effet.
Ah oui, ce sacré nylon!
Chimère
plus que septagénaire!
Fil léger comme un souffle
qui emmitoufle
et encense
d'un parfum
pas trop bénin,
grisant,
ennivrant
coeur et sens,
quand on en tisse
des enveloppes lisses
pour jambes et poitrine
- bas satinés et blouses calines,
séduisantes et fines -
de nos belles
femelles.
Ah oui!
Ces fils enveloppants,
emmitouflants
aussi manoeuvrent
- telle la couleuvre
du paradis -
les maris:
guident
et brident
chefs et supérieurs
par leurs
rondeurs,
leur rafinesse
et - le clou
surtout -
la richesse
à peine cachée
d'un satané
intérieur
prometteur!
Ceux - ou plutôt celles -
qui savent tirer ces ficelles
toutes minces et fines,
soit femme ou concubine,
sauront changer
ces toiles
d'araignée,
ces voiles
baignés
de charme
- et de larmes
limpides
et avides
de proie
parfois -
en fils d'or,
parure du corps:
chaînettes
amulettes,
bracelets
ou colliers.